Critique Ciné – The Young Lady
Film d’inspiration Shakespearienne, The Young Lady est un premier film particulièrement curieux au niveau de son ambiance. J’ai eu la chance de le découvrir en avant-première il y a peu.
Mais avant de vous en dire plus, on commence, comme d’habitude par le synopsis :
1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion. Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible.
Le titre original « Lady Macbeth » ne laissait que peu de surprise concernant l’histoire de ce film. Malgré tout, le traitement est si sombre qu’il arrive tout de même à surprendre. Il s’agit du premier film du réalisateur William Oldroyd, mais on a parfois l’impression d’être devant un film d’Hitchcock. Ce film est l’adaptation du roman de Nikolai Leskov (paru en 1865). Oldroyd a transposé son histoire dans l’Angleterre du 19ème siècle et concentrer son regard de réalisateur sur les machinations d’une jeune femme (d’où le titre « Français » The Young Lady j’imagine). L’actrice (elle aussi une nouvelle) Florence Pugh, joue le personnage de manière crédible. Son rôle, que l’on peut soutenir au départ devient de plus en plus violent au fur et à mesure du film. Une violence que l’on comprend, mais qu’on ne peut pardonner malgré tout.
Quand l’histoire commence, la jeune Katherine (Pugh) vient de se marier avec l’héritier (Paul Hilton) d’une fortune industrielle qui est bien plus vieux qu’elle. Il ne faut pas longtemps pour comprendre que sa nouvelle position n’est pas des plus confortable. Serrer dans des corsets comme dans sa vie dans une maison située dans une campagne reculée, elle ne peut trouver le réconfort dans les bras de son mari qui ne semble n’avoir que peu d’intérêt pour elle. Les seuls moments où il s’intéresse à elle sont pour lui crier des ordres. L’essentiel de l’histoire se déroule à l’intérieur de cette maison, avec assez peu de lumières et des plans entièrement dédiés aux expressions de Katherine.
Evidemment, toute cette frustration finie par exploser. Quand l’homme quitte la ville pour le travail, Katherine sort graduellement de sa coquille, en commençant par avoir une romance débridée avec le palefrenier Sebastian (Cosmo Jarvis). La servante Anna (Naomi Ackie) regarde tout cela avec effarement, ne craignant ce qui se passera lors du retour du beau père ou du mari. C’est à partir de là que cela devient violent, Katherine n’hésitant pas à se débarrasser de ce qui vient se mettre en travers de sa romance. Je ne vais pas vous en dévoiler plus.
En ce qui concerne la manière dont tout cela est raconté, si les costumes et le lieu fonctionnent bien, les personnages manquent de contexte. De plus, la manière plus que méticuleuse que Katherine a de se rebeller contre l’ordre établi est peut-être un peu trop moderne. Et Sebastian est trop terne pour réellement donner un contrepoids au personnage principal. Malgré tout, le film reste bien centré sur l’ascension de la protagoniste, le sentiment de confinement qu’elle ressent, bien marqué par le fait que l’action ne se déroule que dans la maison. Comme un bon personnage shakespearien, Katherine n’est définie que par son désir de pouvoir, sur sa vie, et sur celle des autres.
Avec aucune musique, et aucune légèreté, ce « Lady Macbeth » maintient une atmosphère de crainte permanente. Oldroyd arrive à établir une ambiance d’incertitude sur jusqu’où Katherine ira pour affirmer sa domination sur son petit monde. Forcer par la société à une certaine manière de vivre, qui rendrait n’importe qui fou, elle agit dans les limites de sa propre vérité, mais la violence de ses actes nous fait la laisser en route, alors qu’au départ on pouvait avoir envie de la soutenir.
Le film m’a laissé un sentiment de dégout… Pas par sa réalisation ou par ce qui y est conté, mais plus par l’incapacité que j’ai à me projeter dans ce personnage. Je vous laisse juge !
The Young Lady (Lady MacBeth), de William Oldroyd, c’est en salle le 12 avril 2017.