Depuis déjà un petit moment, Disney essaye de revisiter son « back catalog », et surtout ses « Grands classiques » en en changeant le ton. Parfois décalé volontairement (comme « Il était une fois ») ou en essayant d’offrir une perspective différente (comme « Maléfique »). C’est avec cette impression en tête (et sans avoir vu de bande annonce) que je me suis rendu à l’avant-première d’Into The Woods… Eh bien, autant dire que je ne m’attendais pas à ce que j’allais y découvrir !
Voici le synopsis de la chose :
Les intrigues de plusieurs contes de fées bien connues se croisent afin d’explorer les désirs, les rêves et les quêtes de tous les personnages. Cendrillon, le Petit Chaperon rouge, Jack et le haricot magique et Raiponce, tous sont réunis dans un récit où interviennent également un boulanger et sa femme qui espèrent fonder une famille, mais à qui une sorcière a jeté un mauvais sort…
En préambule, je tiens à vous donner quelques infos. « Into The Woods » est basé sur une comédie musicale de Broadway, créée en 1986 par Stephen Sondheim et James Lapine, qui revisite (et c’est un point essentiel) certains contes de fées en s’inspirant notamment de l’essai du psychanalyste Bruno Bettelheim nommé chez nous « Psychanalyse des contes de fées ». Dans cet essai, l’auteur analyse les contes en montrant comment ces derniers répondent aux angoisses des enfants en les informant sur les épreuves à venir et les efforts à accomplir avant d’atteindre la maturité. Il s’attache également en particulier à de grands thèmes comme le complexe d’Œdipe ou encore la rivalité fraternelle chez les enfants.
Allez hop, une petite citation : « Tout conte de fées est un miroir magique qui reflète certains aspects de notre univers intérieur et des démarches qu’exige notre passage de l’immaturité à la maturité. Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d’abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous découvrons bientôt le tumulte intérieur de notre esprit, sa profondeur et la manière de nous mettre en paix avec lui et le monde extérieur, ce qui nous récompense de nos efforts. »
Évidemment je ne savais pas tout cela avant de voir le film… Malgré tout, cela me permet de relativiser un peu mon jugement. Le film est bancal. Pourquoi ? Eh bien, on a nettement l’impression que le réalisateur (et les scénaristes) n’a pas su choisir entre le côté décalé (et comique) et le côté sérieux. Du coup, on ne sait pas trop comment prendre certaines situations. Avec le recul de quelques jours dont je dispose, je dirais que le film est plutôt drôle, et volontairement satirique envers les contes de fées et leurs personnages sans défauts. Par exemple, le prince charmant (joué par le très décalé Chris Pine) n’est ici qu’un coureur de jupons qui préfère la « chasse » aux jouvencelles au pseudo mariage idéal avec la princesse. Princesse qui elle n’est pas sure sure de ce qu’elle veut. Et le loup, joué par Johnny Depp, regarde le petit chaperon rouge avec un appétit loin d’être uniquement de l’ordre de la subsistance.
Pour clôturer, je dirais que j’ai apprécié le film, mais je ne peux me retenir de penser que ce mélange des genres aurait pu passer nettement mieux en dessin animé qu’en prises de vues réelles. Mais pour Disney, il aurait été certainement compliqué de ne pas utiliser les mêmes designs de personnages que dans les classiques existants. Si vous n’êtes pas réfractaire aux comédies musicales, vous pouvez y aller, cela vaut le coup d’être vu, dans le cas contraire, passez votre chemin.
Into The Woods, c’est pour le 28 janvier 2015.