Comme beaucoup d’entre vous, j’avais trouvé cohérent que ce soit Michel Gondry qui s’attelle à la lourde tâche de réaliser une adaptation cinématographique de « L’écume des jours » de Boris Vian. Dans le cadre du Club 300 Allociné, j’ai eu la chance de découvrir ce film, en présence de son réalisateur il y a peu. On commence, comme d’habitude, avec le synopsis :
L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.
Qu’il est difficile de parler de ce film… Ce qui explique mon retard flagrant par rapport aux autres critiques d’ors et déjà disponibles sur la toile. Je vais commencer en vous disant que je n’ai pas lu le roman de Boris Vian. Du coup, je ne saurais dire si l’adaptation est fidèle à l’oeuvre d’origine. Du coup, j’ai surtout vu un film de Gondry. Et la, et bien… Pas de surprise réelle, on retrouve la mise en scène de bric et de broc habituelle des productions françaises de Michel Gondry. La Science des rêves laisse d’ailleurs entrevoir clairement ce que peut être l’écume des jours façon Gondry. Il propose ici un film de cinéma “Total”. J’entends par la qu’il use et abuse de tous les outils que le cinéma met a sa disposition, et essaye d’en tirer ce qu’il lui faut pour rendre à l’écran les images qu’il a dans sa tête. C’est assez déroutant, parfois drôle, mais c’est toujours original. Il créé donc un Paris alternatif, un monde alternatif dans lequel il fait évoluer l’histoire tragique de Colin (Romain Duris, fidèle à lui même) et Chloé (Audrey Tautou, qui tiens la un de ces meilleurs rôles). Tragique, c’est clairement le mot, tant cette histoire est dure, noire et profondément oppressante.
L’univers si fantastique, pratique et délicieusement rêveur du film se trouve ainsi transformé par cette noirceur. Les décors devenant une expression de plus du malheur qui s’abat sur le couple. L’appartement si drôle de Colin se rétrécit sur les personnages, les couleurs vive et le soleil disparaissant peu à peu, le film se clôturant presque en film noir et blanc muet. Les seconds rôles, qui semblent parfois vivre leur vie (peut-être est-ce le cas dans le roman) sont présent sans l’être. Gad Elmaleh est très bon dans son rôle de fan ultime de Jean-Sol Partre par exemple. Il semblerait que le roman de Boris Vian s’intéressait un peu plus à eux d’ailleurs, mais cela parait logique pour une adaptation. On a tout de même l’impression que les rôles ont été un peu travaillé et tordu pour correspondre à leurs acteurs respectifs. Omar fait du Omar, Duris fait du Duris, etc. Pour moi les meilleurs acteurs de ce film étant (par ordre de préférence) Audrey Tautou, Gad Elmaleh et Aïssa Maïga.
Je conseillerais presque de voir le film plusieurs fois, mais moi même je ne serait pas capable de le faire ! Donc je vais simplement vous dire de la voir, mais de vous armer le plus possible, car il est assez dur, et on n’en sort pas triste… Mais sec.